LE DEUIL DE PHILIPPE DE BOURGOGNE

Le fils de Jean sans Peur à 23 ans au moment de la mort de son père. Il est l'époux de Michèle de France, une des filles du roi fou Charles VI.

Ils sont à Gand lorsque la nouvelle leur parvient.
Il se trouve que nous pouvons assister à cette scène en direct. En effet, Chastellain nous la raconte précisement.
Jean de Thoiry, évêque de Tournai vient lui annoncer le drame après un long préambule :
“Monseigneur vostre père, le noble duc, que mauldicte en soit l'heure que constraint suis de le dire ! Est mort tué et murtry piteusement à Montereau, présent royale progénie monseigneur le daulphin.”

La réaction du jeune duc est extrêmement violente :
“Le jeusne desconforté prince vaincu et paroultré de douleurs, gectant ung hault effrayeux cry avec toutes manières lamentables, se rua sur ung lit et là gisant, subitement devint deffiguré de visaige, privé de parole et tout amorty d'esprit. Les yeulx luy commencèrent à tourner, les lèvres noircir, les dens à estraindre, les bras et les jambes tirer à la mort, seulement en l'estomac vers le cuer se retrahy la vye, lequel tellement s'engrossy et enfla que très hastivement luy failloit copper la lachure, et defermer les dens à force continuelle, ou il eust esté estaint infailliblement en son deul.”

Celle de la duchesse Michelle ne l'est pas moins... :
O Charles, ô Charles ! Ô malheuré daulphin ! Seul fils de roy maintenant que je plainds, et se, tu as prins ton estre au mesme vaisseau de nous autres, faut il pourtant que je, fille innocente, compère ton crime, et que je te clame à frère, qui abhomine estre ta soeur.”

Ces réactions sont moins pudiques que celles que nous pourrions vivre aujourd'hui. Nous constatons quelque chose de très excessif dans les sentiments médiévaux tels que les récits d'époque nous les décrivent...

Toujours la même question... Pouvons-nous nous fier aux auteurs anciens. Décrivent-ils vraiment les faits ? Ou cherchent-ils à faire passer un message ?
Il semble que Philippe ait eu des rapports difficiles avec son père. Est-il plausible que la mort de Jean l'ai autant traumatisé ? Ou le chroniqueur a t-il voulu, justement, cacher cette dissension en montrant le jeune duc très aimant, choqué et malheureux ?

Il est frustrant de ne pas pouvoir avoir de certitude.

Dans notre livre, Nicolas a imaginé une scène spectaculaire de chasse à courre qui, par un parallèle avec le meurtre de Jean sans Peur, donne une réelle puissance à ce moment où le nouveau duc de Bourgogne entre dans l'histoire.